Aujourd’hui, dans la plupart des pays du Sahel les enfants souffrant de malnutrition peuvent bénéficier d'une prise en charge nutritionnelle, d'un traitement systématique et/ou spécifique en fonction des complications et dans une moindre mesure d'une stimulation émotionnelle accompagnée d’une prise en charge psychosociale. Cependant, cette dernière composante du traitement reste encore significativement insuffisante, voire inexistante dans les unités nutritionnelles thérapeutiques, notamment en milieu communautaire. Il y a lieu alors de constater un manque criard des composantes d'intervention en stimulation émotionnelle et psychosociale dans la réhabilitation du couple mère-enfant en situation de malnutrition aigüe et sévère. Prendre en considération les facteurs psychosociaux dans la gestion de la malnutrition ne constitue pas seulement une humanisation des soins, il s’agit aussi d’améliorer l’efficacité des interventions en direction des familles affectées. En outre, le statut nutritionnel et la stimulation ont un impact additionnel quant au développement de l’enfant et sa guérison, et l’intégration de la composante psychosociale peut également aider à diminuer la dépression de la mère. En effet, améliorer la santé mentale des mères (par exemple, en réduisant leurs états dépressifs) peut être l’une des interventions les plus importantes pour la mère et l’enfant dans des situations de crise alimentaire grave. De ce fait, les interventions nutritionnelles devraient intégrer une composante psychosociale. Ainsi, cet ouvrage met en exergue les considérations théoriques associées à des données empiriques de la recherche justifiant la nécessité d’intégrer les soins psychosociaux dans la prise en charge de la malnutrition, lesquels sont ici déclinés à travers des expériences de dispositifs opérationnels et de protocoles thérapeutiques adaptés en contexte communautaires. De même, des outils et pratiques endogènes de stimulation psychosociale issus des traditions et coutumes des pays du Sahel y sont également partagés.