Lorsqu’elle investit le champ historique, la production littéraire, bien souvent, porte son choix sur le théâtre ou le récit. Rarement, des faits de résistance ont été abordés sous forme de roman historique. Le professeur Souleymane Dia a fait le choix de ce genre certes difficile, mais qui n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de plonger le lecteur au cœur de l’évènement. En portant le choix sur le roman pour retracer une histoire pourtant factuelle du madiyankisme et le processus de son enracinement en pays wolof, le professeur Souleymane Dia, nous invite à reconsidérer la relation entre histoire et littérature. Il s’agit d’une problématique ancienne que l’on retrouve dans le vécu de la Nubie et de l’Égypte noire, institutrice africaine de la plus grande lignée d’écrivains-historiens antiques comme Hérodote. Mais elle est toujours actuelle et de temps en temps remise au goût du jour par des productions comme celle du professeur Dia. En effet, non seulement les rapports entre la discipline historique et la littérature peuvent être rangés dans différentes registres, mais le récit, « instrumentalisé » comme source soumise aux genres littéraires, est un outil de connaissance historique sui generis. Rappelons que la fabrique de l’histoire, est avant tout, dans cette perspective, un récit qui n’ignore pas la dimension inaltérable de la scientificité, ni la rigueur épistémologique, ni l’explication causale.