L’objectif d’Héliodore semble être atteint : les lecteurs sont touchés selon leur état d’âme, dans leur émotions, leurs passions, leurs soucis, leurs besoins, leurs idéaux. En réalité, le décor est déjà suggéré par le titre du roman « Tὰ Αἰθιόπικα » : les faits éthiopiens, mieux, africains. En effet, le continent africain, sous la plume des Grecs, a changé par deux fois de nom : ἡ Λιβύη puis ἡ Αἰθιοπίη. L’expression au neutre pluriel « Tὰ Αἰθιόπικα » bien traduite signifierait alors « les événements qui se sont déroulés sur le continent africain ». Peu importent les motifs, le sujet et le contenu de ces événements : l’essentiel est que le sol d’Afrique a pu servir de cadre pour ces événements. C’est comme si le cadre déterminerait déjà la nature de l’action et l’identité des personnages-acteurs. En tout cas c’est ce que laisse présumer le titre choisi par le romancier dont le contenant suggère le contenu : « Des personnages africains agissent dans leur propre pays ». Il reste à déterminer le vrai mobile de leur action. Héliodore a réussi son pari : par l’évocation du cadre, il se glisse vers le sujet principal qu’il aborde. Toutefois, les personnages vont évoluer et agir dans ce décor en des endroits précis qu’il importe de localiser et identifier pour examiner après les raisons profondes de leur choix.