Les récits publiés et traduits dans ce livre par Cheick Sakho sont issus de la thèse qu’il a soutenue en 2005 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ils fournissent un nouvel éventail de ces traditions historiques orales muées en légendes par la succession des interprètes depuis l’époque des évènements dont ils tirent leur matière. La période ici évoquée, à la différence des temps lointains où se situent les exploits que rapportent les épopées consacrées à Soundjata ou à Samba Guéladio, est celle qui a immédiatement précédé la colonisation, comme on le voit avec l’aide demandée par les protagonistes au gouverneur de Ndar/Saint-Louis du Sénégal, qui leur fournit un canon en échange de la possibilité d’étendre la ligne télégraphique – et par conséquent son pouvoir – sur le territoire des royaumes indépendants. Mais, bien que les divers épisodes relatés se produisent dans le Fuuta Toro, le pays « toucouleur », et concernent des peuples musulmans, il ne s’agit pas, comme dans les traditions consacrées à El Hadj Umar Tall, de récits où les actions guerrières seraient dotées d’une dimension religieuse essentielle, et où le registre épique tendrait à le céder à l’hagiographie